Il est
particulièrement important de réduire
l’horizon temporel des prêts
hypothécaires. Dans le système
économico-immobilier actuel, à
structure urbaine inchangée, l’horizon
de trente à quarante années
de remboursement n’est plus viable : la
conjonction et l’entretien des crises
par les crises elles-mêmes rendent, si l’on
ose dire, très hypothétique
le remboursement de ces crédits.
En bref, si la
crise bioclimatique ne rend pas l’économie
viable à plus de vingt à
trente années, plus personne ne prêtera
d’argent à
cette échéance.
Faire baisser le coût du foncier et de la
construction, c’est aussi rassurer les prêteurs
: un foncier gratuit pour tous dans des limites raisonnables, une viabilisation
hyper économique, une construction débarrassée
de ses carcans normatifs et réglementaires pour l’habitat
écologique,
une main-d’œuvre
au coût divisé
par deux, une fiscalité nulle devraient
vraisemblablement permettre de construire à
des prix divisés par trois. Ce faisant, on
autorise le remboursement de lignes de crédit
en une dizaine d’années
seulement, bref, à un horizon où
chacun peut aisément se projeter.
Tous les
acteurs, devant cet horizon encore visible, sont convaincus de la solidité
de leur projet, qui n’est plus impactable de
manière déterminante
par le choc bio-éco-climatique, ses
incertitudes économiques, sociales et
politiques. De cette manière, on refonde les
anticipations des marchés sur un socle solide,
concret : le remboursement du crédit
n’est plus dissocié
du temps, son échéance
cesse d’être abstraite. Tel est, à
notre sens, la condition du retour à
une économie viable, dans le contexte où
chaque acteur économique se prend peu à
peu à douter de la viabilité
du système à
quarante ou cinquante années. Naturellement,
aucun crédit ne serait plus dissocié
de sa base foncière, dans des
instruments financiers abscons émis à
grande échelle, comme nous le disions dans
la première partie en décrivant
cette inventivité financière
qui avait masqué les risques sans les faire
disparaître.