Aux Etats-Unis,
la culture du crédit est très répandue :
L’achat au
comptant est devenu l’exception, l’achat différé la règle. Quand ils ont le
droit au crédit, saviez-vous que 3 Américains sur 4 reçoivent chaque année, via
la publicité, entre 30 et 80 offres de cartes ? Que seuls 20 % d’entre eux équilibrent
à la fin de chaque mois leurs comptes sur toutes leurs cartes, les autres étant
en découvert permanent, et que ces personnes vivent avec une dette perpétuelle
de 5 000 à 8 000 dollars ?
Aujourd’hui, le
niveau d’endettement lié à ces cartes dépasse les 2 500 milliards de dollars.
Parmi ces ménages endettés, beaucoup sont très pauvres : ce sont ceux-là même
qui ne
peuvent plus
rembourser leur maison. Si on s’endette quand il s’agit d’acheter un bien de consommation
courante, comment imaginerait-on de faire autrement pour acheter son logement ?
Et, de fait, cela serait bien difficile…
En 1994, le
système financier américain avait ainsi produit 773 milliards de prêts hypothécaires
; en 2006, le montant total atteignait 3 000 milliards de dollars… Parmi ces
emprunteurs
se trouvent beaucoup
d’acquéreurs fragiles : ce sont les emprunteurs « sub-primes », « sous-primés »
en français…
Ces fameux «
sub-primes », dont on parle beaucoup depuis quelques mois, ne sont donc pas des
objets financiers non identifiables : en premier lieu, ce sont des personnes !
Il faut savoir
qu’aux Etats-Unis les individus qui veulent emprunter sont évalués selon leur
probabilité de remboursement, comme les états et les entreprises sont eux-mêmes
notés par des agences de notation : pour résumer, on fait tout haut ce que les
banques font tout bas en France, car elles ne procèdent pas autrement quand
vous venez leur demander un crédit. La loi « Home mortgage disclosure act » a
institué un système
financier qui
permet ainsi à chacun d’obtenir sa note, son « score », révisée chaque année.
Bref, aux ةtats-Unis, avant de demander un crédit,
vous demandez votre note : elle sera comprise en 300 et 900 et, plus elle sera élevée,
moins on vous prêtera. Vous avez accès à ce fichier, et tout établissement financier
auquel vous demandez un crédit y a également accès. Vous entrez dans la
mauvaise catégorie à partir d’un score de
620. Au-delà de
620, vous entrez dans la catégorie des « subprimes, vous êtes « sous-primé »…
Mais comment ce
score est-il obtenu ? En bref, on examine vos incidents de paiement sur les crédits
antérieurs et vos revenus :
• si vos
revenus sont consacrés à plus de 50 % à vos remboursements, vous serez très, très
mal noté…
• si vous avez été
jugé, avez subi une saisie ou n’avez pas remboursé un emprunt au cours des 48
derniers mois, avez connu une faillite dans les 7 dernières années, vous serez
encore sous-primé ;
• si vous avez
des retards de paiement de plus de 60 jours sur 2 emprunts, ou de plus de 90
jours sur 1 emprunt dans les 36 derniers mois, là encore vous représentez un
danger pour un établissement de crédit… (Selon le Département d’état américain,
et son édition 2001 intitulée Département
of
treasury guidelines.)
Si les fichiers
sont bien tenus, si les établissements financiers font leur « job », il semble
bien qu’il n’y ait aucune raison pour que le système fasse faillite… à moins
que le système ne soit affecté d’un vice rédhibitoire, bien sûr.